Domantas Sabonis : déception ou rôle à comprendre ?


Le début de saison des Kings commence à prendre forme. 4 premières défaites que l’on pourrait qualifier de non-représentatives du niveau de cette équipe. Deux victoires qui redonnent un peu de confiance dans ce calendrier difficile. Quelques déconvenues du fait d’un arbitrage douteux et des victoires encourageantes.

Certains joueurs font plaisir à voir comme De’Aaron Fox, Kevin Huerter ou encore Keegan Murray. D’autres inquiètent comme Barnes et Domantas Sabonis. Doit-on le pointer du doigt immédiatement ou nous poser des questions sur le rôle qu’on essaye de lui donner ? Tentons de répondre à cette problématique, en toute objectivité.

Un intérieur toujours trop soft

Certaines habitudes ont du mal à partir. L’attitude « soft » de l’intérieur californien en est une qui lui coute beaucoup sur certains matchs. Il reste beaucoup trop passif en défense, même si ce n’est pas sa spécialité. Les statistiques prouvent d’ailleurs que ce point peut être problématique. L’offensive rating de l’adversaire est de 116.4 pts sur cette saison lorsqu’il est sur le terrain, de 114.2 pts lorsqu’il est sur le banc. C’est surtout lorsqu’il faut clore un match que cela devient critique. Les fins de match contre Orlando, Miami ou encore Golden State ont vu Sabonis être mis en difficulté dans sa protection intérieure. Ce n’est pas une coïncidence si ces dernières ont vu les Kings s’écrouler et se faire rattraper par la concurrence du soir.

Au-delà du secteur défensif, c’est de l’autre côté du terrain que la chose devient inquiétante. Ces derniers jours, le joueur semble avoir retrouvé son rythme, ainsi qu’un rôle plus évident au scoring (nous y reviendrons plus tard). Pourtant, le début de saison était dans la continuité de son Euro 2022 raté avec la Lituanie. Très limité offensivement, très peu impliqué au poste, les 6 premiers matchs ont laissé un goût amer (13.5 pts – 10.3 rbds – 5.8 pds, à 53.6% au tir pour 9.3 tirs (!?) et 5.2 lancers francs par match).

Cette statistique de tentative par match peut en interloquer plus d’un. Domantas Sabonis est vu comme le deuxième meilleur joueur de l’équipe, en soutien de De’Aaron Fox. En tant que second option offensive, il a l’obligation d’être investi pleinement. Il est question d’un joueur très doué techniquement, avec un jeu technique au poste, un touché plus que satisfaisant et un shoot à mi-distance honnête. Les fans peuvent se sentir frustrés et il est difficile de leur donner tort.

Or, cette statistique est bien plus révélatrice qu’elle ne parait, d’abord sur le rôle qu’a voulu lui donner Mike Brown, puis sur l’évolution de celui-ci face aux défaites.

Domantas Sabonis : facilitateur avant toute chose

Mike Brown détient en Domas une clé de voûte pour développer son jeu, en transition et surtout sur demi-terrain. Avoir un intérieur capable de bien passer est toujours un plus. Le mouvement de balle peut dès lors être fluidifié et devenir imprévisible. L’avantage qu’a Sabonis est sa vision du jeu. En plus de sa qualité de passe, elle lui permet de trouver le décalage suffisant ou le joueur libre qui amène une vraie occasion de panier.

Un autre point très sous-estimé : ses écrans. On ne se rend pas compte de la joie qu’a Sacramento de voir un intérieur capable de poser des écrans. Certains militent pour compter ceux qui mènent directement à des paniers comme des « assists » (terme plus large en anglais qu’en français) et cela bénéficierait beaucoup notre cher Domas. Sans parler d’une action franche, ses écrans à répétition obligent les défenseur à switcher, permettent le décalage et la création d’espace pour tirer, de créer des situation de Pick&Roll ou Pick&Pop. Le dernier match a donné quelques exemples de cette aptitude.

(Source : @SacFilmRoom)
(Source : @SacFilmRoom)

Là aussi, les statistiques ne trompent pas. La différence lorsqu’il est sur et hors du terrain est non-négligeable dans le secteur offensif (114.5 d’offensive rating On ; 108.2 off). C’est en partie grâce à ses compétences qui font du bien à un collectif, chose que McNair et Brown ont bien compris. Néanmoins, cet apport unique n’était pas suffisant au regard de l’handicap qu’engendrait son profil en défense. Brown l’a aussi pris en compte et a changé certaines choses.

Un intérieur parfois trop oublié

Un des problèmes de ce début de saison est aussi le manque de systèmes impliquant l’intérieur au scoring. Mike Brown s’est reposé sur le caractère de facilitateur décrit précédemment et sur un jeu qui dépend beaucoup du shoot extérieur (39 tentatives à 3 pts par match pour 36.9% de réussite). De’Aaron Fox était celui qui se chargeait de produire dans la raquette, grâce à sa vitesse et ses pénétrations. Qu’en est-il de Sabonis ? Lui reprocher un manque d’investissement est une critique logique. Toutefois, il faut aussi remettre en question le jeu prôné par Brown à l’intérieur, ce qu’il a lui même fait.

Depuis 4 matchs, on sent que Sabonis a récupéré quelques responsabilités et une place plus grande dans le scoring. Il est passé de 9.2 à 13 tentatives au tir par matchs, de 5.2 à 9.8 lancers francs. Cela témoigne non seulement d’une remise en cause du coach dans son travail, de l’implication de Sabonis dans son jeu et surtout une remise en cause du joueur lui même. Cela change beaucoup de choses et ses statistiques n’en sont que plus réjouissantes (21.8 pts – 10.5 rbds – 6.5 pds à 55% au tir sur les 4 derniers matchs).

Quelle conclusion donner ?

Il est important de savoir faire la part des choses. Non, Domantas Sabonis n’est pas une ancre sur laquelle on construit une défense solide. Ce n’est pas son rôle, ça ne l’a jamais été. Il faut accepter que, malgré des efforts collectifs, la présence de Sabonis pénalise l’équipe défensivement. Il est capable d’une interception, d’un contre ici ou là mais sa lenteur générale, sur les latéraux et un manque d’athlétisme l’empêchent d’être plus efficace de ce côté là. C’est une pénalité qui peut coûter cher. Il faut alors regarder l’autre côté du terrain.

Domantas Sabonis est un intérieur atypique, capable de donner en fluidité et en variété à une attaque stagnante. Ses passes, son QI basket et son poste lui donnent déjà de quoi être un avantage pour son équipe. Il l’est d’autant plus que son meneur est capable de faire la même chose, donnant un axe 1-5 créatif et très utile pour diversifier le jeu. Ce handicap défensif est perdu lorsqu’il allie cela avec sa capacité naturelle à scorer. Les derniers matchs ont bien montré que l’alliance des deux permet de ne pas être trop regardant sur sa défense. Il est temps désormais de le montrer de manière régulière.

Certes, il doit rester concentré mais lorsque l’on voit tous les avantages offensifs, difficile de faire sans lui si l’on souhaite gagner des matchs. C’est aussi tout le problème de construire autour de son profil, et McNair l’a bien compris en prenant Murray à la draft. Peut-être continuera-t-il à y réfléchir lors des prochains mois, si un renfort se libère ailleurs.

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